Vous voulez organiser une sortie de pêche en mer avec un vrai marin pêcheur ? Découvrez l’interview de Jérôme Dalle, capitaine du Catamaran Picardie II… mais avant tout, marin pêcheur passionné.

 

Quand as-tu décidé de devenir pêcheur ?

Depuis tout petit ! À 7 ans, mon grand-père m’amenait déjà sur les barques. Et puis, dans ma famille, tout le monde est pêcheur : mon père, mes oncles, mes cousins. Tout le monde !

 

Quel est ton premier souvenir de pêche ?

Quand mon grand-père m’emmenait avec lui dans les étangs. Mon premier souvenir de pêche, c‘est dans les lagunes.

 

Qu’est-ce que tu aimes dans ce métier ?

La liberté ! Sur mon bateau, je suis libre. Ce métier, tu sais, il faut l’aimer. Si tu l’aimes pas, faut pas le faire. Car il faut être dans l’acceptation : accepter les contraintes climatiques, les heures de travail…

Qu’est-ce que tu n’aimes pas, justement, dans ce métier ?

J’aime tout dans mon métier… mais quand même, je n’aime pas quand on ne vend pas le poisson alors que la pêche est belle. Je préfère le laisser à la mer plutôt que le brader. Je préfère le juste prix à la quantité, pour ne pas impacter la ressource.

 

Comment se déroule ta journée de pêche en mer ?

Toutes nos journées sont différentes mais en général, on part vers 6 heures du matin. On a ¾ d’heure à 1 heure de navigation pour rejoindre le matériel qu’on a posé en mer. On relève les casiers des poulpes. Quelques fois on attrape des homards. On remet des appâts et puis on relève les filets avec lesquels on attrape les poissons plats : la sèche, le turbot, la sole…

En général, on rentre entre 2h et 4h de l’après-midi. ça dépend si la pêche est fructueuse ou pas, si la météo est clémente ou pas… Quand tu es pêcheur, c’est pas toi qui décides, c’est la mer. Tu sais quand tu pars mais tu ne sais pas quand tu vas rentrer !

Quel est ton moment préféré quand tu pêches ?

Le matin, quand on sort. On a le champ libre. On peut aller où l’on veut.

 

Quel est le poisson que tu préfères pêcher ?

Il y en a plusieurs mais la pêche au thon me plait énormément. La pêche au thon à la canne, plutôt qu’à la palangre. À la canne, c’est là où tu as le plus de sensations.

Le poulpe aussi est intéressant à pêcher. C’est un céphalopode très intelligent. Alors il faut être plus intelligent que lui, il faut poser les pièges au bon endroit.

 

As-tu connu des moments dangereux ?

ça nous arrive, oui. L’hiver surtout, avec le mauvais temps. Il y a des jours où on s’est fait prendre. On s’est demandé si l’on allait pouvoir rentrer… Et puis, on a « serré les fesses » comme on dit… et on y est allé ! (rires)

 

Est-ce que le métier a évolué au fil du temps ?

Ah oui, le métier a changé. On est plus polyvalents qu’avant. Mon grand père, par exemple, ne pêchait que dans les étangs. Nous on rebondit : on utilise plusieurs techniques, on travaille à d’autres périodes pour vivre toute l’année.

Avant, ils pêchaient à la lune noire seulement. Nous, on pêche à lune blanche(1) et à la lune noire(2).

 

Quel autre métier aurais-tu fait si tu n’avais pas été pêcheur ?

Pêcheur ! (rires)
Je ne me serais pas vu dans un autre métier et si c’était à refaire, je referais pêcheur.

 

(1) pleine lune
(2) nouvelle lune